Comprendre et prévenir le choléra
L’eau est essentielle pour boire, cuisiner et se laver. Mais lorsqu’elle est contaminée, elle peut transmettre le choléra. La maladie s’installe parfois sans prévenir. Elle frappe surtout là où l’accès à l’eau potable et aux toilettes est limité.
Le choléra est causé par une bactérie, Vibrio cholerae. Elle se transmet par de l’eau ou des aliments souillés par des matières fécales. La maladie démarre vite. Les signes les plus fréquents sont une diarrhée très abondante et des vomissements. Le corps se déshydrate en peu de temps. Sans traitement, une personne peut mourir en quelques heures. C’est une urgence médicale. “Il ne faut jamais attendre”, rappelle le Dr Valentin Nebanga, à la Promotion de la Santé et de la Population.
Le traitement repose d’abord sur la réhydratation. Quand la personne peut boire, une solution d’eau, de sel et de sucre suffit souvent. Dans les formes sévères, la perfusion est nécessaire. Plus la prise en charge est rapide, plus le risque de décès baisse. Traiter est vital, mais ne suffit pas à faire disparaître la maladie. Il faut aussi agir sur les causes.
Le manque d’infrastructures d’eau et d’assainissement favorise les flambées. Quand les toilettes manquent, la nature devient le lieu d’aisance. Les pluies, les crues ou l’usage partagé des points d’eau entraînent la contamination. Ce n’est pas une question de négligence individuelle. C’est un problème d’accès aux services de base. Pourtant, des gestes simples protègent déjà des vies : faire bouillir l’eau, se laver les mains au savon, couvrir les aliments, utiliser des latrines, nettoyer l’environnement proche.
La réponse passe aussi par la solidarité. Il ne faut ni cacher la maladie ni avoir honte. Aider un voisin malade, le conduire au centre de santé, informer la communauté, ce sont des réflexes qui sauvent. Le choléra se combat ensemble, par l’hygiène, la prévention et un appui rapide aux personnes malades.
Au niveau des frontières, la coopération est cruciale. En 2016, la République centrafricaine et la République démocratique du Congo ont lancé à Bangui une réunion conjointe sur la riposte le long de l’Oubangui. Des autorités sanitaires et des partenaires comme l’OMS, l’UNICEF, l’Institut Pasteur de Bangui, MSF, Médecins d’Afrique et ACF ont travaillé à une feuille de route commune. L’objectif : harmoniser la surveillance, coordonner les interventions et améliorer l’accès à l’eau, à l’assainissement et aux soins dans les zones à risque.
La situation mondiale reste préoccupante. Selon l’OMS, les cas et les décès ont augmenté en 2024 par rapport à 2023. Plus de soixante pays ont signalé des flambées. L’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie portent l’essentiel de la charge. Les conflits, les déplacements de population, la pauvreté, la sécheresse ou les inondations liés au climat aggravent la propagation. En 2025, l’OMS note que des dizaines de pays connaissent encore des épisodes actifs. Dans plusieurs contextes de crise, l’accès aux soins, à l’eau potable et à l’hygiène reste difficile. Une part importante des décès survient hors des structures de santé, signe d’un recours tardif aux traitements.
La vaccination orale aide à contrôler les flambées. Un vaccin anticholérique oral récent, a été préqualifié en 2024 et intégré au stock mondial. Les doses disponibles ont augmenté, mais la demande reste forte. Par manque d’approvisionnement, des campagnes se font souvent en dose unique pour protéger rapidement le plus de personnes possible. La vaccination ne remplace pas l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène. Elle les complète lors des urgences.
Réduire le poids du choléra demande une approche complète. Il faut détecter tôt, traiter vite, et prévenir durablement. L’accès à l’eau sûre et aux latrines est la base. La sensibilisation communautaire permet d’identifier rapidement les symptômes et d’orienter vers les soins. La surveillance épidémiologique guide les interventions là où les besoins sont les plus grands. La coordination entre pays voisins limite la diffusion le long des axes fluviaux et routiers. L’investissement dans les vaccins renforce la boîte à outils en situation d’épidémie.
L’eau est un trésor. Elle doit rester une source de vie, pas de peur. En connaissant les gestes essentiels, en agissant vite face aux symptômes, en améliorant l’eau et l’assainissement et en travaillant main dans la main, communautés, autorités et partenaires peuvent sauver des vies et empêcher le choléra de s’installer.
